Sieck
Sieck île intérieure – (er-e) – Patrick Thuillier – 2008.
1
De toi à l’île
en ne passant que par toi
de l’île à toi
en ne passant que par l’île.
2
Île
en partance d’île
en retour d’elle-même
Glissement vers un ailleurs
qui ne peut être qu’ici.
3
De bâbord à tribord
en poupe
en proue
île vers son infinitude.
4
Île
close de traversées
cernée de passages
enceinte d’absolu.
5
Île
port
hameau
Un passage s’affouille
en contraste obsédant
en poème filant.
6
Sur l’île
une sourde habitation
qu’un vent fantasmagorique
ressasse.
7
Ici
un contrepoint pertinent
un déracinement masqué
une réverbération aiguisée
une île de rêve naufragé.
8
Sieck
pour un désir d’île
mais bien plus
Sieck
en désencombrement
temporel
en fluctuation
de lumière
Sieck
rémouleuse de pa
en pays indélébile.
9
Vent tempétueux
ressacs assourdissants
Une opacité soudaine t’étreint
enserre un chant
chimérique
Une mâture se brise
un vide s’engendre
une île implose.
10
Tu entres en résonance imagée
avec l’île
Entre enchantement
et mémoire
tu fais tienne une histoire
en déshérence
en résurgence
de blessures anciennes
tu appareilles à contre-temps
hisses la voile
d’une abondance de signes.
11
L’île vocalise
mais sans conviction
Ho ! malédiction des malédictions
la géographie de ton sang
l’espace de ton souffle
l’océan de ton territoire
ho ! malédiction des malédictions
un sanglot étouffé
un cri nocturne
une tache d’encre.
12
Qui débarque
ou bien embarque
impérieusement ?
S’en viennent des incendiaires
pétrifiant jusqu’à leur ombre.
Qui embarque
ou bien débarque
irrémédiablement ?
13
Te voici sur le seuil
d’une porte
Rien ne résonne dans la nuit
d’une navigation spectrale
sinon des aboiements
excessifs
étranges.
14
En toi une voilure
sur une voie posthume
un délayage d’abîmes
par trop humains
des ombres innombrables
nées d’exils du temps
des regards en jachère
des résurgences inestimables.
15
Orpailleur de mémoire
à l’extrême de ta verticalité
et puis cette histoire d’île
en gammes de bleus
en gestes forgés
ces pêcheur désancrés
ourlés de ciels implacables
d’océan irritable.
16
Deux ou trois pans de pierres
pour tout héritage
le survol d’un oiseau inconnu
et des images en dérive.
17
Au commencement était une île
une page blanche d’île
une enfance d’île
sur l’océan d’un songe.
18
Sous une étrave de temps
une houle d’infortune
en creux de trame
un sillage de connivence
en vive adversité.
19
Plus rien de reconnaissable
Ici
une terre d’enfance
là
une île incontournable.
20
Désormais
il n’est à savoir que l’île
en sa musique convalescente
ses chemins de mots
submergés
sa distance frangée
son onctuosité d’heures
intimes
sa mesure fuguée.
21
L’île
à la ronde
mais bien plus loin encore
une parole génésiaque
une pureté d’étoile
au large d’un cri.
22
Île
d’infini illimitée
d’incommensurable ceinte
Île
miroir de fluidité
poème de plénitude.
23
Île
dans l’escarpement des vents
les soubresauts des rivages
dans ce qu’un ciel et un océan
brassent de saisons
en une heure comme en un jour
en un jour comme en une année
sempiternellement.
24
Voie étagée sur l’océan
lande en creux longitudinale
L’île
en indécision saisonnière
en incandescence migratoire.
25
Croisements
entrecroisements d’île
chemins de ronde
de part en part convergents.
26
Lustrale déambulation
en giration d’île
en sa permanence
sans cesse polie
Nudité d’un jour miré
lové
sur un haut-fond d’océan
mugissant
écumant
tranchant.
27
L’île
l’océan
une volupté fusionnelle
une absorption de l’autre
une étreinte abyssale.
28
Un chemin séculaire
te mène
tambour battant
vers un petit port torrentiel
et toujours avec toi
des bleus habités de l’île
alignent leur tréfonds.
29
Ici
sur ce monde
qui s’égare
là
sur cette île
et nulle part ailleurs
que partout
qui ne peut être qu’ici
là
sur cette sphère
en ses confins visibles.
30
Rien
qu’un plein silence d’île
île
cloître enfiévré
parole élémentaire
rotondité navigable
île
dans l’esprit
de ce qu’elle verrouille
de viscéral
confine d’authentique
insuffle d’ascensionnel.
31
L’île
ton désert salin
ton émergence congrue
ton abbatiale hauturière.
32
Île prélude
île intérieure
Uniformément une soif
amniotique
Coule ton image
en eau vierge
navigue ton sang
en eau native.
Imprimé par Ouestélio, à Brest
Dépôt légal septembre 2008
Copyright er-e 2008
ISBN : 978-2-9532914-1-4